La soul est un style, mais c’est avant tout une histoire. Teinté d’hymnes gospels, frotté
aux arrangements stylisés qui évoquent Mayfield, mais aussi bercé par de grooves
modernes, de hip-hop et d’électro, Family Tree en porte les stigmates. Des années 1960
jusqu’au XXIe siècle, des rives de l’Hudson jusqu’aux quais de Seine, Lisa Spada sublime
cette saga soul en évitant l’écueil d’un stylisme figé dans le temps : backée par son
compagnon de route Gaël Maffre, avec lequel elle formait jadis Third Shot, par le
beatmaker Tismé ou le rappeur Edash Quata, elle donne à sa soul un élan moderniste,
s’inspire du passé mais regarde déjà vers demain. Folk-songs électroniques, balades aux
saveurs sixties teintées de production moderne et gospel revisité sont les ingrédients de
cette livraison, à laquelle la maitrise vocale de la chanteuse, capable de force comme de
douceur, offre un relief inédit.
Family Tree est une histoire d’amour mais surtout de vie. Un quasi-disque concept pétri
d’émotions contraires, qui narre le parcours d’une jeune femme éprise mais délaissée,
qui se bat mais qui sombre, pour se raccrocher enfin aux confiances immuables de
l’arbre familial. Une histoire qui se dévoile au fil des titres, de ces échanges en back-to-
back avec Edash, tour à tour prince charmant ou grand méchant loup, de ces cliquetis de
guitares et de ces rythmes électroniques, libérant une charge émotionnelle parfaitement
calibrée pour accompagner ces hauts, ces bas, ces rêves et ces réalités. Ce qu’il faut de
douceur et de colère.
Habituée des scènes parisiennes, des séances de studio avec Sandra Nkake, Emily
Loizeau ou Ben l’Oncle Soul et des gigantesques chorales soul (Let’s Get Together), Lisa
Spada livre un recueil haut de gamme, brusquement surélevé par une production
élégante et audacieuse qui projette la soul vers un futur radieux. Un mouvement plein de
vie et de caractère, un clin d’œil au passé déjà tourné vers demain.
© Thomas Blondau